Passer son CAP Couture

En juin 2021, j’ai passé mon CAP couture. A l’époque j’ai lu plusieurs blogs pour mieux appréhender en quoi consistait ce diplôme, mais aussi avoir des conseils de la part de personnes ayant déjà passées les épreuves.  Aujourd’hui, à mon tour de partager mon expérience.

1. Qu’est-ce que le CAP couture ? 

On dit souvent CAP Couture, mais son nom complet est « CAP Métier de la Mode Vêtement Flou » ou « CAP MMVF ». Dans le domaine de la couture il y a majoritairement deux CAP, le MMVF et le MMVT (pour Métier de la Mode Vêtement Tailleur).

Les techniques au programme de ces deux CAP sont un peu différentes. Pour le CAP MMVF, le programme est fondé sur les techniques du flou c’est-à-dire les vêtements de type robe, jupe, chemisier… Le CAP MMVT quant à lui se concentre sur les techniques associées à des vêtements plus structurés comme les manteaux ou les tailleurs (d’où le nom). 

Je ne suis pas rentrée dans le détail des programmes, mais une grande partie des techniques sont communes aux deux CAP (les poches, les finitions, les cols…). Le CAP MMVF me parait plus diversifié et plus adapté à ce que je fais : c’est-à-dire majoritairement coudre ma propre garde-robe. 

2. Pourquoi passer le CAP couture ? 

Pour moi passer le CAP a été un moyen d’apprendre de nouvelles techniques, mais surtout de gagner en précision. 

En plein confinement, coincée comme tout le monde à la maison, avec ma famille, mais aussi avec un travail à distance très prenant, j’ai eu besoin de me reconcentrer sur moi et mes activités de prédilections, dont la couture. 

J’aime coudre, c’est une activité pendant laquelle je me sens bien. Je peux à la fois être créative, mais également très cartésienne ! J’aime l’attention aux détails et le soin que cela requiert. Après 10 ans de couture, je cherchais comment gagner en précision : parfois je découds plus que je ne couds. 

Je voulais également être plus polyvalente pour ne plus buter sur une technique ou un montage. Je vois un peu la couture comme apprendre à lire : je connais la plupart des mots, mais j’aimerais savoir tout lire. Pour cela il me faut un alphabet !

Me voilà donc en train de chercher des formations en ligne. Très vite je tombe sur le merveilleux site d’Artesane qui offre un cours sur les cols, un cours sur les poches… sauf que moi je voudrais tous les faire ! Je regarde, sur le même site, une vidéo explicative sur le CAP MMVF et là c’est la révélation ! 

Je ne m’étais pas posé la question, je ne savais même pas que ce CAP existait (oui je devais hiberner dans une cave quand le livre de Christine Charles et Artesane est sorti) : leur vidéo explicative me convainc. 

Le programme du CAP MMVF

Le descriptif de l’Onisep permet de bien comprendre le but de cet examen : 

« Le titulaire de ce diplôme est un opérateur intervenant dans la réalisation de produits textiles. Il travaille selon la technique du “flou” afin de réaliser des vêtements souples et déstructurés, par opposition à la réalisation tailleur. Son activité principale consiste à fabriquer tout ou partie d’un produit (coupe, assemblage, repassage, finition). Il décode des données techniques pour la réalisation d’un vêtement (patrons, plans de coupe). Il organise le poste de travail pour le piquage ou la finition. Il assure une maintenance simple du matériel. Il contrôle la réalisation du produit fini. »   L’objectif n’est donc pas la création ou le design, mais la formation d’un opérateur pour réaliser des produits textiles d’un niveau professionnel. Pour cela il faut savoir réaliser les techniques de montage au programme. Cela regroupe donc tous mes besoins : un programme de techniques complet avec un gros accent sur la qualité. Je vous reparlerai d’ailleurs de la qualité attendue lors du descriptif des épreuves.

Le diplôme du CAP 

Il existe d’autres diplômes dans le domaine de la couture : un BAC pro, des BTS, mais au final comme mon intérêt se porte sur les techniques et la précision, le programme du CAP est complètement adapté. 

Le fait d’avoir le diplôme en tant que tel n’était pas forcément un objectif pour moi. Cela représentait tout de même un certain challenge, et je dois avouer que je n’étais pas peu fière de recevoir le diplôme papier dans ma boite aux lettres (spoiler : oui je l’ai passé et je l’ai eu). 

Ce qui est intéressant, c’est que contrairement à d’autres formations (type BAC pro), le CAP MMVF (et MMVT d’ailleurs) peut se passer en candidat libre. C’est un énorme avantage ! Je ne me voyais pas du tout m’inscrire dans une école ou dans un programme contraignant et incompatible avec mon activité professionnelle à plein temps. 

Le CPF (Compte Personnel de Formation)

Le plus gros avantage de passer l’examen, pour moi en tout cas, c’est de pouvoir bénéficier du CPF pour la formation. On a presque tous un CPF et le mien commençait à avoir pas mal d’heures non utilisées… Qui dit examen, dit organismes de formation référencés sur la plateforme CPF, et donc formation prise en charge par vos heures disponibles. 

De mon côté j’avais assez d’heures sur mon compte pour payer l’intégralité de la formation, plus un stage de préparation à l’examen de 3 jours. Alors si en contrepartie il faut passer l‘examen… pas de souci : je fonce !  

3. Quelle formation choisir ?

Une fois ma décision prise, la question a été : comment se préparer ? Et là deux choses à prendre en compte : les formations qui existent ET se connaître. 

Les formations

En termes de formation bien entendu Artesane en propose plusieurs. Elles sont fondées sur le livre « Passez votre CAP Couture avec Artesane » mais avec plusieurs niveaux d’accompagnement différents : il existe un cursus autonome et un cursus encadré. Vous pouvez aussi souscrire aux différents cours individuellement. 

Le livre « Passez votre CAP couture » a été écrit en partenariat entre Artesane et « Rêve à Soie ». Cet organisme propose également un cursus de formation. Il est fondé sur le livre, les vidéos Artesane, mais avec quelques compléments et surtout un suivi dédié par des professeurs qui notent les réalisations chaque mois. 

Se connaître

C’est important pour choisir la formation la plus adaptée à sa personnalité.

Pour ma part, d’un côté je suis capable de beaucoup travailler en un minimum de temps, donc je peux avoir tendance à procrastiner. D’un autre côté, je peux aussi rapidement stresser quand je suis en retard ou quand une grosse échéance approche. Procrastination et stress de la dernière ligne droite : un super combo… qui nécessite un encadrement maximum ! 

J’ai donc opté pour la formation de Rêve à Soie. Quand j’ai essayé de m’inscrire pour septembre 2020 ils étaient déjà complets et j’étais sur liste d’attente… 

Heureusement avant l’été Christine et son équipe refont un point d’étape sur les inscriptions en cours et juste avant les vacances je reçois la super nouvelle : je suis prise à la formation ! Je suis super contente car je sais que je vais être bien accompagnée et bien entourée. Pendant ces mois de formation je vais avoir une prof dédiée : Carmen. L’examen devient bien réel tout à coup !

4. Le programme de la formation Rêve à Soie

La formation suit exactement le livre. Avec l’inscription à la formation, vous avez accès au livre numérique. Chaque début de mois le programme est débloqué sur une plateforme et vous avez accès aux cours théoriques et pratiques. 

La théorie

La théorie est sous format vidéo mais aussi à lire dans le livre. Vous avez chaque mois un morceau du programme théorique de l’examen. Chaque module se termine par un QCM en ligne. 

Le plus pour moi c’est que le programme permet aussi d’aller plus loin et donne des infos complémentaires sur les sujets. J’ai ainsi découvert plein de ressources en ligne que je ne connaissais pas, ce qui m’a permis de commencer le dessin de mode en suivant des tutos notamment ceux de Justine Leconte que je suis maintenant régulièrement.

La pratique

La pratique s’articule majoritairement autour d’un modèle par mois qu’il est obligatoire de coudre, dans un tissu imposé. La réalisation est expliquée pas à pas, via une gamme de montage, comme à l’examen. 

Vous avez en plus chaque mois des variations possibles, un basique ou bien des références de patrons de niveau équivalent pour vous entrainer. Le premier mois j’ai eu le temps de faire le modèle imposé et un patron en plus (la jolie jupe Vega qui me faisait de l’oeil depuis longtemps), mais les modèles se compliquent chaque mois. Par la suite je n’ai fait que le modèle imposé, et j’ai parfois réalisé certaines variations dans de la toile quand ça me paraissait intéressant pour m‘entrainer. 

Pour chaque étape, il faut prendre des photos et les télécharger sur la plateforme. Votre prof/coach personnelle regarde votre travail et vous donne des conseils pour vous améliorer. 

Ici je tiens particulièrement à remercier Carmen qui m’a accompagnée pendant cette année. Tout au long de mon cursus elle a été à la fois exigeante et bienveillante. Elle m’a permis de m’améliorer grâce à énormément de conseils. Au début de chaque module elle envoyait un email d’encouragement à ses élèves pour nous parler des difficultés que nous allions rencontrer avec le tissu ou le modèle et nous donner quelques astuces personnelles. Merci à elle !

Le temps à y consacrer

C’est un point super important, surtout quand on s’engage dans une formation de plusieurs mois, avec des exercices à rendre tous les mois. Le site de Rêve à Soie explique bien le déroulé sur 10 modules avec environ 60 heures de travail personnel pour chacun. Ça donne près de 2 jours de travail personnel par semaine ! 

Pour la théorie, je décide de suivre les cours le soir en semaine avec des sessions de 2 à 3h. La pratique est plus difficile à morceler, surtout avec la mise en route : sortir la table à repasser, faire de la place, brancher, enfiler et régler la machine à coudre… Découper ce temps en petites sessions de 2h ne me parait pas du tout une bonne idée. Je décide donc de demander 1 jour de congé par semaine pendant toute la durée de ma formation ! Ça peut paraître un peu fou, mais j’en parle à mon employeur et j’ai des jours disponibles. L’idée ne l’inquiète pas alors je fonce : de septembre à juin, je n’ai pas travaillé les jeudis ! 

Est-ce que j’ai réussi à mettre tout ça en place ? Et oui ! Et franchement pendant cette partie de l’année, j’ai attendu le jeudi avec impatience car je savais que c’était ma journée, seule à la maison, à coudre : le pied ! Au final je me suis organisée chaque semaine : 

Tout cela a demandé que je puisse prendre des jours avec mon travail mais aussi une organisation familiale qui me permette de me préparer au CAP pendant ½ journée chaque weekend. Le soutien des proches, moralement mais aussi sur le côté pratique : c’est super important !

La piqueuse plate 

L’examen se fait avec des machines industrielles et la machine à coudre est une piqueuse plate. Elle ne fait que le point droit, du coup elle est très précise et super agréable à utiliser. 

C’est toujours une source d’inquiétude pour la plupart des candidat(e)s. Mais il ne faut pas s’en faire un monde.

Le pied de la machine a des dimensions spécifiques qui rend les piqûres nervures beaucoup plus faciles qu’avec votre machine familiale ! La seule chose importante est de savoir l’enfiler, la régler et détecter quand il y a un souci. En effet, cette préparation fait partie de l’examen. 

Pour l’enfilage il suffit d’avoir vu quelques piqueuses plates différentes, mieux d’en avoir enfilée une soi-même. Artesane et Rêve à Soie ont une vidéo de démonstration d’une piqueuse plate qui explique tout ce que vous devez savoir.

Pour en essayer une, j’ai pris un cours au Hall couture. C’est un lieu à Paris où on peut réserver des heures pour utiliser des machines industrielles et même avoir un cours. Ça permet de voir l’animal en vrai et de l’enfiler au moins une fois toute seule.

5. Les inscriptions

Les inscriptions à l’épreuve en candidat libre commencent assez tôt dans l’année scolaire. Les dates dépendent des académies, mais c’est souvent aux alentours d’octobre / début novembre. Pour l’académie Paris/Créteil/Versailles dont je fais partie, tout se fait en ligne. 

Vous devez ensuite envoyer par la poste un petit dossier avec votre compte rendu d’inscription et différents documents. Si je me souviens bien il y a la copie de la carte d’identité, mais surtout la copie des examens qui permettent de vous exempter des matières générales. Avec mon relevé de notes du BAC je n’ai plus que 3 épreuves à passer ! 

Après l’envoi du dossier, il ne se passe plus rien…. Jusqu’en mai avec la réception de la convocation. C’est une période un peu longue et c’est stressant de ne pas avoir de nouvelles. Pour ma part j’avais envoyé mon dossier en lettre suivie pour être sûre qu’il ait été bien reçu. 

En mai je reçois donc ma fameuse convocation, à peine 3 semaines avant mon examen. Je suis convoquée pour mes 3 épreuves au même endroit : le lycée Turquetil à Paris. Il est à 3km de chez moi : je vais pouvoir m’y rendre en vélo chaque jour, un stress en moins.  

6. Les épreuves 

Les épreuves dites de spécialité, sont au nombre de trois : 

Je suis convoquée pour le PSE un jeudi matin, puis l’EP 1 aura lieu le vendredi après-midi. Enfin l’EP 2 qui se déroule sur 2 jours aura lieu les lundi et mardi suivants. 

PSE

C’est une épreuve commune à tous les CAP qui traite de sujets comme la sécurité en entreprise, la santé ou encore les gestes qui sauvent. 

Se préparer au PSE n’est pas très difficile, et la formation Rêve à Soie n’en parle pas. Pour ce faire j’ai acheté un livre sur le programme « Prévention, Santé Environnement – Les nouveaux cahiers » aux éditions Foucher. Il est très bien fait, avec des récaps en fin de chaque chapitre. Au mois de mai je me suis motivée à le lire en prenant des notes. J’ai dû y passer 3h et finir avec un A4 de notes. 

J’ai aussi téléchargé les énoncés et les corrigés des PSE des 3 dernières années sur le site Eduscol. Encore une fois l’examen n’est pas très difficile et fait appel à beaucoup de bon sens, mais je pense qu’il faut être préparé à la manière dont sont posées les questions. Au final refaire ces 3 annales a dû me prendre 1h30. L’épreuve n’est que coefficient 1, mais ce serait dommage de perdre des points ici. 

L’épreuve en elle-même ressemblait beaucoup aux annales. Beaucoup de candidats sont sortis avant la fin de l’heure. Je pense que j’ai répondu aux questions en 30 min et ai relu ma copie pendant 15min au cas où. 

EP1

L’épreuve s’appelle « Analyse et exploitation de données ». C’est en quelque sorte l’épreuve théorique du CAP MMVF. Au menu plusieurs matières : histoire de la mode, technologie textiles, machines industrielles, dessin et patronage.

Les parties histoire de la mode et machines industrielles sont souvent fondées sur des photos. Pour l’histoire de la mode : des photos de design à replacer dans l’ordre chronologique ou bien dans mon cas, pour lesquelles il faut retrouver le créateur sur base d’un texte expliquant leur style. Pour les machines industrielles nous devions cocher lesquelles pouvaient servir à thermocoller : pas très compliqué.  

Je n’ai pas eu de questions sur les textiles à proprement parler, mais on a eu une question où il fallait nommer différents types de plis. Ils posent en général ces questions sur la partie dessin et demandent également de dessiner un modèle avec différents types de techniques. 

Patronage

Tout est expliqué, ils donnent les consignes une à une et il faut juste s’appliquer pour faire les modifications de patron demandées. Nous avons une poche à dessiner (toutes les mesures sont données) et un pli à créer sur un patron de pantalon. Donc c’est assez simple si on suit étape par étape les consignes. 

Un conseil néanmoins important selon moi : vous avez le temps, 3h c’est long ! 

Alors soignez les tracés, remesurez, refaites s’il le faut. Beaucoup dans ma salle ont rendu des pièces au crayon à papier. J’ai personnellement tout retracé avec un feutre très fin noir pour un meilleur rendu. 

Dessin

Comme je le disais plus haut, il faut souvent habiller des silhouettes avec des contraintes (un pli, une asymétrie…). Lors de l’examen je n’ai pas eu de silhouette, mais uniquement le contour d’un haut de pantalon. Il fallait l’habiller pour un effet « volume » avec la couleur rouge, en s’inspirant de certaines photos. Et là : panique à bord !!

Le volume OK je peux faire, mais bon les plis, les fronces, il n’y a pas milles manières. Est-ce que ce mon dessin ne sera pas trop proche d’une photo d’inspiration ? 

Il faut ensuite le dessiner, tout à la couleur rouge… La personne qui passait son examen en face de moi avait quelques feutres, mais pas de rouge. Ça parait compliqué de venir avec tous ses crayons de couleur mais ne faites pas l’impasse. A ce moment-là j’étais contente d’avoir mon taille crayon, quand on ne fait que du rouge ça use.

Au final je choisis des plis… et je passe 1h sur ce dessin ! Je ne suis vraiment pas une pro de cette partie, mais j’essaie de m’appliquer et de respecter les consignes. On ne demande pas aux candidats au CAP d’être des pros du dessin artistique, mais de savoir dessiner des techniques. Ici pour des plis, il faut savoir en dessiner et surtout bien maitriser où se trouve la lumière, les ombres et les dégradés pour mettre ces plis en avant. 

Je finis l’épreuve avec 45 min d’avance, mais je me relis. Attention ici dans le package de feuille qu’on vous donne, certaines sont des feuilles de consignes qu’il ne faut pas rendre. D’autres sont à rendre et donc à détacher. Ce n’est pas toujours évident c’est pour ça que je conseille vivement : 

EP2

L’EP2 ou l’épreuve de « Mise en œuvre fabrication » est l’épreuve reine du CAP MMVF. C’est la plus longue et c’est celle qui teste vos capacités pratiques.

En juin 2021, c’est un short en lin qui est au programme. La couleur dépend des académies : blanc, rouge ou noir. Sur Paris c’est le noir. 

Il y a quelques années, le modèle de l’EP2 était souvent le modèle du sujet de l’EP1. Mais ce n’est plus le cas depuis quelques temps. On a quand même eu un EP1 centré autour du pantalon, et un short au programme de l’EP2… on aurait peut-être pu s’en douter. 

Mon épreuve s’est très bien déroulée, mais je pense que c’est parce que j’étais bien préparée. Ci-dessous quelques trucs et astuces que je me permets de vous partager.

La piqueuse plate le jour de l’examen

On entend souvent parler de certaines académies où les personnes peuvent venir en avance le premier jour pour essayer les machines. Ça n’a pas du tout été le cas pour moi et pour mon lycée. Nos places et nos machines étaient attribuées, il y avait des Juki et des Mitsubishi dans ma salle. Un an après, je ne me rappelle même plus laquelle j’ai utilisée. 

Regardez quelques démos de piqueuse plate et essayez-en une ! J’étais un peu déroutée par la mienne au début mais au final je l’ai enfilée sans trop de souci (n’oubliez pas pendant l’enfilage : tous les trous et les encoches servent à quelque chose !). Les examinatrices ont dû noter ce que j’avais fait, mais j’étais tellement concentrée que je ne les ai même pas vu faire.

L’organisation de l’espace de travail

Ils nous notent aussi sur l’organisation de notre poste de travail, c’est-à-dire notre grande table de travail et notre piqueuse plate. Et là je vous conseille vivement de garder vos espaces rangés ! 

C’est important parce que c’est noté, mais aussi parce que, quand vous êtes perdu dans votre gamme de montage, c’est toujours plus simple de réfléchir quand les choses sont ordonnées autour de soi. 

J’ai acheté une petite caisse à outil transparente avant l’examen. L’objectif était au départ de transporter mon matériel pour l’examen en venant à vélo. Pendant l’épreuve, ouverte sur ma table, elle était parfaite pour ne pas éparpiller mon matériel. 

Le sujet et la gamme de montage 

Le sujet fait en général bien 5 à 6 pages avant d’arriver à la gamme de montage. Les candidats se jettent souvent sur la découpe puis sur la gamme sans lire avec attention le début… grosse erreur ! Il y a plein d’informations et de détails qui sont expliqués dans le début du sujet. Souvent dans la gamme de montage on a un doute, et la réponse est dans les premières pages : lisez-les !

La gamme de montage fait plusieurs pages donc lorsqu’on commence à la suivre, on peut vite être  noyé et ne plus savoir où on en est. Dans les cours de préparation à l‘examen de Rêve à Soie on vous apprend à la lire plusieurs fois et notamment à la découper, c’est donc ce que j’ai fait. J’ai noté les grandes étapes avec des accolades dans la marge : d’abord les poches, puis la pose du zip, la ceinture, l’entrejambe avant de finir par les passants et les ourlets. 

J’ai ensuite essayé de planifier rapidement quelle étape je pensais faire dans quelle demi-journée. A force de coudre on sait à peu près combien de temps on met pour réaliser une pièce. Ça permet de se mettre une petite organisation en tête demi-journée par demi-journée et ne pas s’éparpiller.  


La première demi-journée 

Je m’étais préparée à ne pas coudre sur cette demi-journée !

Et oui, lors de ce premier quart temps il faut : lire le sujet (et l’analyser), donner un coup de fer sur son tissu, découper les pièces patron papier, épingler les pièces sur son tissu et – ATTENTION – faire contrôler son plan de coupe mis en place par les examinateurs avant de couper. Il faut ensuite couper les pièces. 

Beaucoup vont super vite dans ces étapes, mais si le plan de coupe n’est pas bon, vous devez modifier des pièces, puis attendre à nouveau un examinateur : c’est du temps perdu. Si une pièce est mal découpée, l’assemblage derrière ne tombera pas juste : donc une fois de plus, il faut prendre son temps !

Le premier jour j’ai fini de découper mon tissu vers 11h, donc avant le déjeuner à midi, j’ai pris 1h pour : 

Cette heure a été tout sauf perdue ! 


La grille d’auto-évaluation

C’est la grille qui vous précise la tolérance de piquage : notamment tous les assemblages avec une tolérance à 0 mm (oui il y en a) et ceux à +/- 1 mm. 

C’est également la grille qui vous précise les points qui seront autoévalués par vous puis contre notés par l’examinateur. Tout le travail sera noté bien sûr, mais ceux-là vous devez-y faire plus attention que les autres. 

Au final dans ma liste : rien sur le zip ! Mais plein de points sur les ourlets et la ceinture (taille, passants, surpiqures). Tous ces éléments sont en fin de gamme de montage ! Je me dis alors : il faut faire les poches et le zip la première après-midi, avant de se concentrer le matin suivant sur les éléments ceinture et passants, qui eux sont dans la grille.

A la fin de la première journée, j’ai même fini ce que je voulais faire 45 min avant la fin. Au lieu de me précipiter, je n’ai pas recousu ce jour-là. À la place, j’ai bien pris le temps de préparer ma matinée suivante : 

Ouf, une bonne première journée de faite !

Les erreurs d’énoncé

Il y en aura, alors soyez prêts ! Elles seront annoncées dans la journée au fur et à mesure de leur découverte. Ça ne sert donc à rien d’aller trop vite. 

Dans ma salle une erreur a été signalée le deuxième jour … sur les crans de montage du zip. Le mien était fini depuis la veille et au final je ne l’avais même pas vue. J’ai monté mon zip correctement sans me fier au cran. Les braguettes ont toujours la même forme à droite qu’à gauche et les plis sont toujours au même endroit. Bien sûr il faut en avoir monté une ou deux, mais c’est le but de la préparation.

En revanche, le sujet demandait  un zip de 12cm. Or mon établissement n’a pas réussi à en commander et les nôtres étaient  plus longs. Quand les premiers de la salle arrivèrent  à cette étape, les examinatrices nous expliquèrent comment elles souhaitaient  que nous fassions et ça s’est plutôt bien passé.

Les pauses 

L’épreuve est sur deux jours, en général deux fois 8h avec une pause déjeuner de 1h. Dans  mon cas les horaires étaient  de 8h à 12h puis de 13h à 17h, mais cela peut varier de 30 min en fonction des académies. 

Le midi vous mangez en général avec les candidats de votre salle, qui passent le même examen que vous. Si ça va, le déjeuner est sympa, mais si certaines butent sur une étape, paniquent, ça peut être terrifiant pour certaines qui sont en doute, ou qui n’en sont pas encore à cette étape. Attention à ne pas vous générer du stress lors de ce break !

Les examinatrices

Alors oui ça peut aussi être des examinateurs, néanmoins ce sont souvent des examinatrices, comme dans ma salle. 

J’ai beaucoup entendu parler d’académies dans lesquelles elles aident énormément les candidats. C’est vrai elles sont plutôt bienveillantes, néanmoins elles ne sont pas là pour faire l’examen à votre place. 

Il ne faut pas hésiter à faire appel à elles quand : 

• Vous constatez une anomalie : métrage de tissu ou matériel. Dans ce cas elles vous donneront une solution. Pour moi le zip de 12 cm dans l’énoncé fait en réalité 15 cm. Il y a eu un souci d‘approvisionnement dans mon centre et elles nous ont expliquées comment monter le zip de 15 à la place de celui de 12cm.

• Vous avez une question : dans ce cas je vous conseille de poser votre question, mais d’avoir aussi déjà réfléchi et de leur proposer plusieurs options entre lesquelles vous hésitez. En effet, il ne faut pas oublier qu’elles sont aussi là pour vous noter, alors mieux vaut montrer que vous avez compris et que vous proposez des choses. 

J’ai fait appel à elles pour le montage de ma doublure de ceinture sur le short : je voulais faire un repli en diagonale au niveau du milieu devant. Or on ne vous demande pas de prendre des initiatives dans cette épreuve : on juge justement votre capacité à appliquer. 

Je vais donc les voir, je leur montre l’étape et je leur explique ce que je veux faire. J’explique aussi que ce n’est pas exactement décrit dans la gamme, mais ne n’est pas non plus « pas écrit ». Donc je pense ne pas être en écart par rapport  au montage demandé, et que je trouve ça mieux. 

Je leur ai montré que je savais  ce qui était attendu (le respect du montage à la lettre) mais que j’avais des connaissances sur ce type de finitions. Au final l’examinatrice m’a souri et elle m’a dit « faites comme vous pensez ». Elle n’a pas réellement répondu à ma question, mais j’étais  rassurée et je suis repartie  faire ma finition. 

Conclusion

J’ai fini mon EP 2 un peu en avance et j’ai passé un temps fou à couper tous les fils, ranger ma table, vérifier mon short sous tous les angles ! Mais quelle fierté quand on finit, qu’on repasse son short, qu’on lui coud la feuille d’anonymat et d’autoévaluation pour le rendre sur son petit cintre. 

J’en suis ressortie  fière mais aussi un peu triste : je me suis investie, surtout dans les derniers jours et tout à coup c’était  terminé. Même si mon EP 2 a été fait  de hauts et de bas, il faut profiter. J’ai adoré travailler au montage d’un vêtement dans un atelier industriel, avec du matériel de pro et entourée par des passionnés. 

Après les épreuves, retour à la vie normale en attendant les résultats. Ils arrivent en général un mois après. On reçoit d’abord son statut admis ou non, puis le détail des notes arrive quelques jours plus tard.

Pour moi ce sera admise avec 18,5 au PSE et 19 à chacun des EP 1 et EP2. Le diplôme papier arrive par la poste à la rentrée suivante. 

Je suis vraiment fière d’avoir passé l’examen et de l’avoir réussi. La formation que j’ai suivie a été excellente et m’a réellement permis d’atteindre mes objectifs. Je pense même les avoir dépassés : je connais plus de techniques, je suis plus précise, je couds aussi plus vite. J’ai même un avis sur le montage maintenant ! Parfois je vois dans un patron une technique de montage et je me dis « hum … non moi je ne vais pas faire ça, je préfère faire autrement, c’est plus joli ». 

J’ai pas mal d’idées pour la suite et pour aller plus loin. Continuer à coudre pour moi c’est sûr. Partager plus sur les créations que je réalise, peut-être en mettant des tutos/patrons en ligne. Me former au patronage aussi. Mais pour l’instant ma plus grande question reste : est-ce que je vais encadrer mon diplôme pour l’accrocher dans mon atelier ? 

J’espère que ce partage vous sera utile si vous préparez le CAP ou si vous hésitez à sauter le pas. N’hésitez pas à me partager votre propre expérience du CAP MMVF !